essoufEssoufflement : comment l’éviter !

Cela n’arrive qu’aux autres. Pourtant, à Montulat lors d’exercices techniques où la visibilité n’était pas terrible, le froid plutôt froid, seul le Mac do dans la zone des 20m gardait son éternel sourire et, je me suis retrouvé presque seul à souffler comme un bœuf…Je suis fatigué, j’ai mal au crâne… Propos parfois entendus à la sortie de l’eau. La cause est souvent la même : une mauvaise ventilation ou un début d’essoufflement à peine remarqué… Mais attention, un “vrai” essoufflement ne passe pas inaperçu ! Voici cinq points clés pour éviter d’être à bout de souffle.

1/ Le CO2 : mauvais pour l’atmosphère… mais pas que !

- L’oxygène (O2), si précieux, est consommé pour approvisionner en énergie notre machine physiologique. Cette combustion d’O2 (par les muscles notamment) produit un déchet, le dioxyde de carbone (CO2), qui doit être évacué correctement via l’expiration. S’il est mal éliminé, le taux sanguin en CO2 monte et déclenche le réflexe inspiratoire, entraînant une ventilation superficielle, de plus en plus rapide, et surtout inefficace, empêchant d’autant plus l’évacuation du CO2 et donc renforçant encore plus le réflexe inspiratoire.  C’est le cycle infernal de l’essoufflement, plus ou moins facilement rompu en surface. Et c’est une tout autre histoire sous l’eau !

- En effet, en plongée, contrairement à l’air libre, l’expiration est active, notamment à cause des résistances dues au détendeur. Le relâchement musculaire seul ne suffit plus pour expirer et les “ballons” que sont les poumons ne se dégonflent pas si on ne les aide pas. D’où, à effort identique, un taux de CO2 produit toujours plus élevé en plongée qu’en surface, ainsi qu’une sensibilité accrue à l’essoufflement, grand athlète ou pas. Nous compensons en respirant plus amplement et en insistant sur l’expiration. Néanmoins, cette régulation peut être parfois dépassée, surtout si d’autres facteurs s’en mêlent !

Conseil de pro : Ne sous-estimez pas ce risque, cela n’arrive pas qu’aux autres ! Je me souviens d’une plongée durant laquelle j’ai demandé à une élève, visiblement un peu stressée par le courant qui se levait, si tout allait bien. Bien sûr, m’avait-elle répondu fièrement du regard, derrière son masque, avant même son signe OK. Quelques secondes après, elle remontait à la surface dans mon dos…

2/ Gare aux efforts et à la ventilation incontrôlée

- Facteurs personnels : le stress, la peur, la fatigue, une mauvaise technique tout en force ou une mauvaise forme physique engendrent une augmentation rapide du rythme cardiaque et de la fréquence ventilatoire. Le taux de CO2 monte vite !.

- Facteurs matériels : un air pollué ou de mauvaise qualité entraîne très vite une forte augmentation de CO2. Un détendeur trop dur ou mal entretenu, une combi et/ou une stab trop serrée, et les muscles ventilatoires forcent. Un sous-lestage ou surlestage engendre quant à lui des efforts inconsidérés pour s’immerger ou flotter.

- Facteurs environnementaux : un fort courant vous oblige à palmer “dans le dur”. La profondeur, qui augmente la densité de l’air respiré, n’aide en rien. Une mauvaise visibilité engendre parfois du stress. Le froid, enfin, met en route notre pompe à chaleur…

Conseil de pro : Soyez le plus “cool” possible. Stab bien gonflée en surface pour flotter sans effort ; lestage ajusté et flottabilité négative à la descente ; flottabilité neutre au fond et au palier (on ne palme pas verticalement pour se maintenir !) ; flottabilité légèrement positive à la montée.


3/ Les symptômes et les conséquences

- Le mal de tête en immersion: c’est LE premier symptôme, précurseur de l’essoufflement ou tout du moins signe d’une mauvaise expiration.
- Si les efforts ou les émotions ne sont pas contrôlés, ce satané CO2 déclenche le réflexe inspiratoire et la ventilation est de plus en plus superficielle et accélérée.  L’essoufflement est installé et peut aller jusqu’à une sensation d’étouffement. Dans tous les cas, cela induit une consommation d’air importante pouvant vite aboutir à une panne d’air.
- Enfin, cela peut entraîner une panique avec remontée incontrôlée aux conséquences parfois très graves : noyade, accident de décompression ou surpression pulmonaire !

4/ La conduite à tenir.

- La priorité : signalez au plus tôt à votre encadrant que vous êtes essoufflé, n’attendez pas d’étouffer !

- Calmez-vous. Arrêtez vos mouvements parasites de bras, le palmage et tout effort inutile. 

- Surtout : expirez au maximum, le plus lentement possible. Pour bien vider vos poumons, rentrez le ventre.

- Regardez votre encadrant qui devrait aussi vous regarder dans les yeux, vous faire signe d’expirer et vous remonter, à vitesse contrôlée, vers la surface.


Conseil de pro : Ne plongez jamais si vous êtes déjà un peu essoufflé en surface. Dites-le à votre guide et prenez le temps de bien récupérer, car ce n’est pas avec le détendeur et la pression que cela s’arrangera, au contraire !

5/ Mieux vaut prévenir que guérir

- Effectuez toujours une plongée de réadaptation après un moment sans plongée et ne surestimez pas vos capacités physiques (Pensez également à les entretenir...).

- Préparez et contrôlez bien votre matériel. Essayez le détendeur : il ne doit pas demander d’efforts trop importants pour inspirer ET expirer. Demandez comment s’utilise la petite molette qui dépasse avant de la tournicoter dans tous les sens. Si le détendeur vous paraît dater de Mathusalem ou est trop dur à “respirer”, changez-le. Goûtez l’air : en cas de goût d’huile ou autre, changez de bouteille ! Enfin, essayez votre combi avec la stab par-dessus, pour vérifier la liberté de votre cage thoracique. N’hésitez pas à gonfler la stab…

- Avant d’aller dans l’eau, faites un bon check : bouteille bien ouverte, lestage OK…

- Enfin, on l’a vu et revu, il faut évacuer le CO2, alors soufflez et soufflez encore. Une ventilation douce, assez ample et régulière, avec une expiration lente (pas d’apnée pour moins consommer !) doit vous permettre en temps normal de bien éliminer le CO2. Dans des conditions plus sportives, augmentez surtout votre amplitude ventilatoire.

Ne jamais oublier que, si la plongée est un loisir dit “de fainéants”, ce n’est pas pour rien ! Prenez votre temps, contrôlez vos mouvements parasites, travaillez votre palmage pour le rendre efficace avec un minimum d’efforts, cachez-vous du courant s’il est trop fort… Vous remarquerez qu’en plus, vous verrez beaucoup plus de choses qu’avant et que les poissons vous fuiront moins !

Une hésitation, besoin d’un conseil ! Vos formateurs de clubs du limousin sont à votre écoute pour régler avec vous les éventuels petits problèmes et vous rendre la plongée plus cool.

Demain, vous plongerez en milieu naturel placée sous l’organisation de votre structure, votre seul but sera de prendre du plaisir par l’observation du monde qui vous entoure, n’oubliez jamais que vous êtes des invités dans un monde d’exception.